LETTRE D'UNE AMIE"Sur les bancs monotone je chasse les nuages, comme chasseuse de papillon des temps monocordes. Et à la derobée je les tisse et les allonge sur le tapis prêt à vous acceuillir.
J'ai des problèmes en ce moment, mon cher ami. Des problèmes de réalités.
Il me semble que je confond différents plans de réalités. Qu'ils se chevauchent, s'emmèlent, se détachent, dansent et virevoltent.
Je vous écris aujourd'hui, car tout à l'heure j'ai eu un peu peur. Juste un peu. Une douleur dans le crâne, une douleur localisée. Je suis un peu étourdie par elle, mes pensées ne se suivent plus dans l'ordre "normal", je marche, je descend les marches du parc et comme à mon habitude saute les deux dernières marches. A la seconde où je suis en l'air, j'ai soudain peur que le sol se dérobe à moi. Je vois l'asphalte, les murs mais j'ai la forte intuition, la certitude qu'ils n'existent pas. Et que mon corps passera à travers le décors. J'ai cette sensation de vertige fulgurant comme devant un trou sans fond. Vous imaginez?
Une fois les pieds sur le sol, je m'arrête, je veux sentir la matière solide, rugueuse, je veux croire en elle, je veux me sentir matière moi-même en contact étroit avec elle. Je m'agenouille, touche le sol des mains, rescend ma pesanteur, la gravité. On me regarde, on sourit, je souris. Je suis rassurée et je vois le confort, la beauté, l'importance oserais-je dire de cette matière et de son contact direct avec elle, de sa prise de conscience souvent mis de côté par la métaphysique et la machinerie intellectuelle.
Je ne vois plus les mêmes choses, je ne parviens pas à voir si le monde s'efface, se déforme comme s'il n'était qu'illusion ou si au contraire sa déformation, son étrangeté nouvelle est signe d'une réalité grandiose. J'ai toujours mal au crâne."
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